
Comme 85% des Ehpad en France, les deux établissements d’hébergement gérés par la ville sont en déficit budgétaire. Le fort taux de remplissage ne suffisant plus à couvrir la hausse des coûts, les tarifs des loyers vont augmenter.
À Lannion, la résidence du Parc Sainte-Anne affiche complet. Florian Le Men, directeur de deux Ehpad, affirme avoir plusieurs centaines de dossiers sur liste d’attente. Difficile pour lui de dire combien de temps les demandeurs devront patienter. « On ne peut pas vraiment savoir quand un logement se libèrera », explique-t-il. « Dans la grande majorité des cas, cela arrive lors du décès d’un résident ». Dans les années à venir, il sera encore plus compliqué de trouver une place en Ehpad à Lannion. Depuis les années 1990, la part des plus de 60 ans augmente sur le territoire. Aujourd’hui, ils représentent 30% de la population selon l’INSEE. Un vieillissement qui va concerner la région dans son ensemble. D’ici 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans devrait doubler, et l’âge moyen des Bretons augmenter de quatre ans selon les prévisions de l’institut. Delphine Le Roy, aide-soignante à la résidence Sainte-Anne depuis 26 ans, constate déjà un changement. « Quand je suis arrivée à l’Ehpad, c’était différent. Les résidents étaient plus autonomes, moins dépendants des soignants. Aujourd’hui, ils viennent s’ils n’ont pas d’autre choix. » Pour Florian Le Men, l’Ehpad doit aussi faire en sorte que les seniors puissent rester à domicile le plus longtemps possible. Pour cela, l’accès au soin et à une bonne alimentation est indispensable [voir dossier pages 8 et 9].
Augmenter les prix pour supporter les coûts
Avec l’inflation, le dispositif de portage de repas coûte de plus en plus cher [voir reportage page 14]. Les augmentations de salaire du personnel soignant pèsent aussi dans le budget de la résidence. « On s’estimait sous-payées au vu de la charge physique et mentale qu’implique notre métier », justifie Delphine Le Roy à ce sujet. Pour son directeur, « ces revalorisations sont légitimes ». Une augmentation que les professionnels réclamaient depuis de nombreuses années. « Le souci, c’est que sur une augmentation de 120 € net par mois pour les aides-soignantes, il y a une partie qui n’est pas financée par l’ARS et le Conseil départemental », détaille Florian Le Men. « Quand on sait que les dépenses de personnel représentent 75 % du budget de l’EHPAD, ça devient vite compliqué. » À quelques jours du conseil d’administration, le directeur de 37 ans sait déjà que les deux EHPAD qu’il gère seront dans le rouge, malgré un budget annuel de presque 9 millions d’euros. Pour remédier en partie à ce déficit, le Conseil départemental devrait mettre en place une augmentation du prix à la journée dans les deux établissements d’environ 7%. « Conscients des difficultés des établissements, le Conseil départemental a proposé une augmentation assez forte pour la première fois depuis plusieurs années », précise Florian Le Men.