
Dans le centre-ville, 27 étudiants sont venus recevoir l’aide alimentaire distribuée par le syndicat étudiant Union Pirate. Entre précarité et malnutrition, les étudiants lannionnais peinent à se nourrir correctement.
Avant même le début de la distribution, la solidarité étudiante se met en place. Lorsque Evan gare sa voiture pleine à ras-bord, une armée de bras se dirige pour venir en aide à l’organisateur de la distribution du jour. C’est la première fois qu’une distribution est organisée dans le centre-ville. Les étudiants affluent dans la petite salle de l’école de l’ENSSAT où de grandes tables sont installées.
Alors qu’il range les cagettes dans la salle, Evan précise : « Nos distributions sont ouvertes à tous le monde. Il n’y a pas de critères pour s’inscrire ». Selon COP1, une association d’assistance aux étudiants qui en ont besoin, 50% des étudiants ont déjà renoncé à des achats alimentaires pour des raisons financières. “Beaucoup d’étudiants ont du mal à dire qu’ils ont besoin d’aide », observe Evan. « Certains pensent qu’ils vont prendre la place de quelqu’un d’autre qui est aussi dans le besoin. On ne fait pas de hiérarchie des besoins. »
Une aide pour finir le mois
Mathis s’est rendu à chaque distribution. Il ne voit aucune raison d’avoir honte. « Avec l’augmentation du prix des courses, c’est normal d’avoir besoin d’aide. Mais c’est vrai que c’est plus facile de venir à plusieurs » ajoute-t-il en désignant ses quatre amis. Le sac plein, l’étudiant finit par ajouter : « Quand je reste à Lannion pendant un mois complet, je suis inquiet pour la fin du mois. » À peine parti, Mathis est vite remplacé. Alexandre, étudiant à l’ENSSAT, rencontre lui aussi des difficultés. « En début d’année, je ne recevais pas mes bourses. C’était vraiment l’angoisse parce qu’il me manquait 130 euros par mois. Maintenant ça va mieux, mais ça reste tendu. »

Précarité et malnutrition
Pouvoir manger à sa faim est une question, manger sainement en est une autre. Les personnes qui n’ont pas une alimentation riche en fruits et légumes, et pauvre en produits transformés, ont plus de risque de développer des maladies telles que l’hypertension, le diabète ou encore l’obésité.
Faute d’ingrédients, les étudiants peinent à diversifier les recettes. Benjamin étudie l’informatique à l’IUT. Il ne mange presque jamais de viande. « Je ne peux pas me le permettre », confirme-t-il. « Là, il ne me reste qu’un paquet de pâtes pour finir le mois. »
Alors que les retardataires viennent se servir, Evan annonce qu’il s’agit de la dernière distribution de l’année, car beaucoup d’étudiants quittent Lannion, en avril, pour faire leur stage. Face au nombre croissant de demandes, le dispositif sera reconduit l’année prochaine.