Au fil des maux

Les résidents de l'Ehpad mangent.
Chaque résident peut choisir son repas à la carte, comme dans un restaurant. ©Chara Phillipe

Les couverts s’entrechoquent, les assiettes s’empilent. À l’Ehpad Saint-Anne, l’heure du déjeuner approche. Tous les jours, environ 260 repas sont servis aux résidents. Un moment qu’ils attendent toujours avec impatience.

Dans la grande salle à manger, les rayons de soleil traversent les vitres et viennent réchauffer les tables. Une soignante fait des allers-retours, une autre pousse un chariot rempli de salades en tout genre. Il est 11h45, et les cuisiniers se préparent à servir le repas du midi. Divisé en plusieurs parties, l’espace restauration accueille les personnes dépendantes et autonomes tout au long de la journée. Matin, midi et soir, les résidents rejoignent leur place attitrée. Pour les plus gourmands, un goûter est aussi préparé, histoire de ne pas perdre les bonnes vieilles habitudes ! 

L’occasion de partager ses souvenirs

« Le repas est le moment que les résidents attendent le plus dans la journée », affirme Dominique Dugay, responsable restauration et hôtellerie de l’Ehpad. « Puisqu’il y en a quatre par jour, cela rythme leurs journées ». À la résidence, chaque repas est un moment d’échange et de rassemblement. L’occasion de partager ses souvenirs avec ses voisins de table. Dans certains groupes, on chahute et on débat sur la personne qui a eu la carrière professionnelle la plus impressionnante. Dans d’autres, on se tait et on déguste en silence. Jocelyne mange aux côtés de sa meilleure amie, Charlotte. Colliers autour du cou, maquillage et bracelets aux poignets, les deux copines se remémorent leurs voyages passés. « C’est vrai que j’ai fait le tour du monde ! », commence l’une en admirant ses bagues. « Burkina Faso, les Antilles, l’Amérique du Sud… j’aime le soleil et quand il fait chaud ! » « Moi, je préfère être à l’ombre », renchérit son acolyte. « Quand j’étais jeune, je suis allée en Roumanie. On avait été bien reçu, mais les gens avaient l’air triste », se rappelle la vieille femme, perdue dans ses pensées.

Verre de vin, jus ou eau, chacun garde ses petites habitudes ! ©Chara Phillipe
Verre de vin, jus ou eau, chacun garde ses petites habitudes ! ©Chara Phillipe

Sur la table à côté, Michel raconte fièrement son passé d’instituteur. « J’étais professeur à l’IUT de Lannion. J’étudiais les sciences, le génie mécanique. Mais je ne me souviens plus trop de tout ça maintenant », avoue le vieil homme en souriant. Si certains résidents sont comme lui Bretons d’origine, d’autres viennent d’un peu plus loin. « Je ne reçois pas beaucoup de visites, ma famille habite loin », témoigne Jocelyne. « C’est toujours agréable lorsque je vois du monde. Cela me permet de discuter un peu. » Au milieu d’un quotidien pas toujours très joyeux, les petits moments comme les repas font du bien au moral des résidents, et égayent leurs journées.

Jocelyne : « Nous avons de bons cuisiniers qui se donnent du mal »
©Chara Phillipe
Jocelyne : « Nous avons de bons cuisiniers qui se donnent du mal » ©Chara Phillipe