Au fil des maux

De plus en plus de collégiens et de lycéens font appel à un psychologue ©Cottonbro studio

Depuis le confinement, la santé mentale des jeunes se dégrade en France. À Lannion, c’est une tendance qui se confirme. Des psychologues nous expliquent ce déclin. 

« J’ai été surprise du nombre d’appels de la part de lycéens et collégiens pour de l’anxiété. » Marion Guilloux, psychologue à Lannion, vient d’ouvrir son cabinet de psychologie en janvier. Elle a vu un nombre de démarches important dans la ville pour des jeunes souffrant d’angoisses et de stress. Un mal-être qui peut se traduire par « des troubles du sommeil, des performances scolaires en baisse, ou encore des maux de ventre avant d’aller en cours ».

Une tendance qui s’est développée avec le confinement. Pascale Le Bourse, psychologue également à Lannion, explique : « L’enfermement est quelque chose qui peut être impossible à gérer pour certaines personnes, le fait d’être contraint  dans l’espace et dans ses mouvements. » À la suite du confinement, certains ont pu reprendre une vie normale. Mais d’autres ont vu leurs angoisses s’empirer. « Le confinement a pu causer des difficultés relationnelles, certains ne peuvent plus aller très loin de chez eux malgré le déconfinement. Ils ne savent plus ce qu’ils veulent », témoigne la psychologue.

« L’estime et la confiance de soi vont se détériorer »

Pour certains jeunes, il est difficile de faire la démarche d’aller voir un professionnel. « Ils ont peur de demander de l’aide, et pensent qu’ils vont se débrouiller tout seul », analyse Pascale Le Bourse. Mais sur le long terme, la dégradation de la santé mentale des adolescents peut devenir un problème. « L’estime et la confiance en soi vont se détériorer, ce qui peut pousser au désengagement social, et à l’isolement. Certains tombent même dans des addictions, par exemple les jeux vidéos ou les produits psychotropes [café, alcool, cocaïne, tabac ou cannabis], afin de fuir la réalité », explique Marion Guilloux. 

Pascale Le Bourse conclut : « Les jeunes sont anxieux car ils ont peur pour l’avenir, qui est voué à la destruction. Ça les empêche de se projeter dans leur profession ou leur famille. Le confinement est venu comme une météorite, et ça a tout amplifié. »