
Depuis le 1ᵉʳ mars, les urgences de Lannion sont régulées la nuit. Pour être pris en charge, obligation de passer par le 15. La situation préoccupe Pascal Lasbleiz, infirmier et délégué syndical CGT.
La Rédaction : Un seul médecin urgentiste exerce actuellement à l’hôpital de Lannion, pourquoi ?
Pascal Lasbleiz : Normalement, nous avons deux médecins urgentistes. Mais l’un d’entre eux est en arrêt maladie longue durée. Pour bien fonctionner, les urgences auraient besoin de deux médecins urgentistes. Quand ce médecin part avec le SMUR (structure mobile d’urgence et de réanimation), il n’y en a plus aux urgences. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, nous n’avons plus aucune marge de manœuvre. La direction cherche des remplaçants, mais elle n’en trouve pas. L’hôpital manque de médecins urgentistes.
L.R : Nous avons reçu des témoignages de personnes âgées qui ont attendu plus de sept heures aux urgences. Ne craignez-vous pas que certains patients décèdent, faute de prise en charge ?
P.L. : C’est clairement le risque ! Et sept heures encore, ce n’est pas beaucoup. À Lannion, la moyenne d’attente entre l’admission aux urgences et le placement dans le service compétent est plus souvent de douze heures. Nous avons eu des périodes l’hiver dernier où les patients sont restés jusqu’à 48 heures sur un brancard dans le couloir des urgences ! Une de nos craintes est que les patients attendent le lendemain pour venir consulter, alors que pour les problèmes cardiovasculaires par exemple, chaque heure compte.
L.R : Que reprochez-vous à l’Agence Régionale de Santé (ARS) ?
P.L. : L’ARS a laissé pourrir la situation de l’hôpital de Lannion. Cela fait dix ans que nous alertons sur le manque d’effectifs du service des urgences. Pourtant, les moyens continuent de baisser et le personnel avec.
Mais, c’est un dialogue de sourds. L’ARS à Rennes n’écoute pas nos revendications. Ce qui nous inquiète encore plus, ce sont les politiques de santé nationales. François Braun, l’ancien ministre de la Santé, qui était pourtant médecin urgentiste, a déclaré que la régulation devait devenir la norme.
L.R. : Le manque de médecins généralistes engendre-t-il une surcharge au sein du service d’urgence ?
P.L. : C’est sûr ! On a de plus en plus de patients qui n’arrivent pas à trouver de médecin généraliste qui viennent aux urgences. Le soir, ils peuvent se diriger vers la maison médicale. Mais il n’y a pas le tiers-payant, l’assurance maladie ne paye pas directement le praticien. Tout le monde n’a pas les moyens de faire l’avance des frais de consultation.